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Pourquoi j’aime faire la vaisselle…

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Pourquoi j’aime faire la vaisselle… et le hammam… et accoucher…

J’ai commencé la lecture de Call the Midwife l’autre soir. Après une émouvante introduction sur ce que les communautés humaines ont perdu avec les mutations économiques et sociales du 20e siècle, le roman s’ouvre sur une scène d’accouchement. Celui-ci est décrit du point de vue de la sage-femme qui évoque la pauvreté des familles des Docklands dans les années 1950. La sage-femme se fait la réflexion qu’au moins cette famille-là dispose de l’eau courante. Une eau que, tout au long de l’accouchement, on s’affaire à faire bouillir…

Mais pourquoi faisait-on bouillir de l’eau pendant un accouchement autrefois ? Vous êtes-vous déjà posé la question ?

Lors du premier accouchement qui n’était pas le mien auquel j’ai assisté, on a aussi fait bouillir de grandes quantités d’eau au papa, mais c’était pour la piscine d’accouchement… qui est restée tout à fait inutilisée… L’accouchement a été trop rapide…

Il me semble que Michel Odent a, lors d’une conférence, plaisanté à ce sujet, en suggérant qu »on faisait bouillir de l’eau au papa pour le maintenir occupé… et éloigné de la mère en train d’accoucher !

Et puis, j’avais sous les yeux ce magnifique livre que je viens de commander, édité par ma camarade de l’association Humanly Maria Libera : Accoucher dans un temzcal – La tradition de la hutte de sudation au service des femmes.

Alors, j’ai pensé à ce qui fait le point commun de nombreuses traditions de soins féminins à travers le monde : la vapeur…

J’ai repensé aux bains des femmes que j’ai découverts dans un petit village d’Algérie près de Tlemcen et dans l’intimité desquels j’ai été accueillie : de grandes salles aux murs recouverts de faïences où l’on faisait bouillir de l’eau dans de grandes bassines en cuivre, d’autres bassines posées au sol entourées de petits tabourets en bois et cette vapeur suave et odorante…

J’ai repensé aux bains de vapeur des femmes indigènes du Mexique que nous tentons parfois de reproduire ici lors des rituels du rebozo, après avoir avalé de grandes quantités d’infusions destinées à faire transpirer…

J’ai repensé à Michel Odent, encore, qui nous liste les besoins physiologiques de base de la femme qui accouche : obscurité, chaleur…

Et humidité ?

La vapeur : alliance du chaud et de l’humide.

Il se pourrait bien que les femmes aient intuitivement compris les bienfaits de la vapeur sur leur corps et, en particulier, sur le corps de celles qui accouchent. Parce que la vapeur les détend profondément et favorise les états de conscience modifiée.

Ce qui expliquerait pourquoi en de nombreux endroits du monde, on chauffe de l’eau quand une femme se met en travail…

Pourquoi, nous, les doulas, aimons tellement siroter des eaux chaudes dans des endroits clos et tamisés comme les tentes rouges…

Et pourquoi j’aime tant le hammam, l’eau chaude, accoucher et… faire la vaisselle…